Projets de transport en commun et transparence des coûts : un problème qui coûte cher au Canada

Pourquoi devrions-nous standardiser dès maintenant le suivi des coûts?

Le Canada construit certains des projets de transport en commun les plus coûteux au monde. Pour concevoir et construire ces projets, nous disposons de capacités importantes. Cependant, nous devons réviser notre approche. Trop souvent, les organismes de transport en commun reçoivent un marteau pour fixer des vis, ce qui peut fonctionner, mais avec beaucoup de temps, d’argent et d’incertitudes quant à la durabilité.

C’est pourquoi nous lançons une série intitulée Projets de transport en commun et transparence des coûts, qui sera composée de plusieurs articles allant à l’essentiel et proposant des solutions pratiques à certains des problèmes touchant l’ensemble du secteur. Nous nous appuierons sur les conclusions de l’étude de référence Understanding the Drivers of Transit Construction Costs in Canada : A Comparative Study [en anglais seulement]. Chaque article se concentrera sur l’un des principaux facteurs de coût de la construction de réseaux de transport en commun et vous indiquera comment le traiter de manière stratégique.

Nous commencerons par traiter du suivi des coûts. Les organismes de transport en commun dépensent des milliards de dollars sans disposer d’un modèle commun pour suivre la trajectoire de ces fonds. Si l’on ne dispose pas de données cohérentes et transparentes, il est beaucoup plus difficile de comparer les projets, de cerner les facteurs de coût ou de tirer des enseignements de l’expérience de nos pairs. Le fait de standardiser le suivi des coûts n’est pas ce qu’il y a de plus prestigieux, mais c’est une première étape essentielle pour bâtir plus rapidement et à moindre coût des réseaux de transport en commun.

« Une mesure très concrète? Concevez et appliquez un modèle standardisé de suivi et de déclaration des coûts dans le cadre de projets d’investissement dans les transports en commun. Cela ne règlera pas tous vos problèmes, mais vous pourrez au moins visualiser le parcours à suivre pour mener à bien les projets. »

Pas de langage commun pour les coûts

À l’heure actuelle, partout au pays, les propriétaires du secteur public et les organismes de transport en commun suivent les coûts d’investissement à l’aide de modèles disparates qui sont souvent très généraux. Même lorsque les chiffres sont rendus publics, des questions cruciales restent sans réponse :

• • Fait-on la distinction entre les imprévus et les augmentations?
  • Les coûts de gestion de projet sont-ils calculés sous forme de montant forfaitaire ou intégrés à d’autres taux?
  • Tous les coûts du projet sont-ils pris en compte ou certains sont-ils absorbés par d’autres organismes?
  • Le coût comprend-il l’acquisition de biens immobiliers ou d’autres transferts d’entreprise?

Cette incohérence entraîne trois conséquences prévisibles :

• • Les analyses comparatives internes ne sont pas fiables, même au sein d’un même organisme.
  • Les comparaisons entre organismes sont difficiles, ce qui entrave l’échange de connaissances et l’amélioration des processus.
  • La confiance du public s’érode lorsque les estimations changent radicalement ou diffèrent fortement de projets comparables à l’étranger.

Par conséquent, les organismes sont mis au défi de diagnostiquer et de traiter efficacement les pressions sous-jacentes exercées sur les coûts.

De meilleures données, de meilleures décisions

Une réforme ne suffira pas à régler le coût élevé du transport en commun au Canada. En revanche, avec de meilleures données, on pourra prendre de meilleures décisions. Avec un modèle de coûts standardisé, on pourrait effectuer ceci :

• • Cerner dès le départ les pressions qui s’exercent sur les coûts, avant que les engagements entourant la conception ne les rendent irréversibles.
  • Améliorer la portée des projets, et réduire ainsi les retouches et les retards coûteux.
  • Étoffer le savoir institutionnel en reliant les enseignements tirés par les différents services et projets.
  • Renforcer la confiance du public en montrant clairement où vont les deniers des contribuables.

En fin de compte, la standardisation du suivi des coûts a cela d’intéressant qu’elle permet de passer d’une conception et d’un approvisionnement aveugles à une gestion proactive des coûts.

Surmonter les difficultés

Les préoccupations relatives à la sensibilité commerciale et à l’inertie institutionnelle sont réelles, mais surmontables. Plusieurs administrations canadiennes travaillant dans des secteurs connexes publient déjà des « coûts repères ». Par exemple, Alberta Transportation and Economic Corridors publie chaque année un rapport sur les prix unitaires moyens par région.

Une mise en œuvre pratique pourrait inclure ceci :

• • L’élaboration conjointe d’une taxonomie des coûts partagée en interne et avec des organismes homologues.
  • Tester le modèle sur des projets dont le modèle commercial prend déjà en charge le suivi transparent des coûts.
  • Utiliser d’abord les données en interne, afin d’en démontrer la valeur avant de les rendre publiques.

N’attendez pas le prochain dépassement de coûts

Les organismes de transport en commun ont l’occasion de montrer la voie au secteur en testant dès maintenant le changement. La première étape est claire : concevoir et tester un modèle de coûts standard adapté au contexte de votre organisation.

Vos partenaires-conseils peuvent vous aider dans cette démarche. Ils travaillent objectivement avec les propriétaires pour franchir différentes étapes, à savoir :

• • • Animer des ateliers sur la ventilation des coûts;
    • Aligner les pratiques sur les normes du secteur;
    • Déployer des outils conviviaux pour saisir et communiquer les données;
    • Former les équipes à l’utilisation efficace du modèle;
    • Établir des comparaisons avec les données historiques des projets.